Marienia, 17 mai 2025
ELB – Lurzaindia – Ostia
En 1972, sur le plateau du Larzac, cent trois paysan.nes signaient un acte fondateur : ne jamais
quitter sa ferme, quel que soit le prix donné. On l’appela le serment des bâtons. En 2018, en
Bretagne, dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes, un autre serment était scellé en plantant des
milliers de bâtons dans le sol : venir en cas d’agression de la zone.
Aujourd’hui, nous prenons le relais de ces deux luttes victorieuses en faveur de l’agriculture
paysanne et de l’environnement. Nous allons à notre tour poser un nouvel acte, en plantant nos
bâtons sur la prairie de Marienia, menacée elle aussi par des appétits d’argent et de béton. Nous
faisons le serment de préserver cette terre pour toujours, de la protéger si jamais des promoteurs
immobiliers voulaient y entamer des travaux, de la cultiver afin de lui multiplier sa valeur
nourricière.
Les bâtons nous soutiennent et nous rassurent. Ici pour déplacer les vaches, là pour la transhumance
des brebis. Sous forme de cannes quand les problèmes où l’âge sont là. Bâtons de repères, bâtons
qui maintiennent nos dunes, de la parole partagée, des pastorales et du voyage, de l’engagement, de
la révolte… Au Pays Basque, il porte le nom de makila, symbole de notre culture et de notre
puissance, compagnon des marcheur.ses et arme potentielle, objet d’estime et cadeau offert en signe
de respect.
Ces makila, présents lors de diverses manifestations en faveur de Marienia, seront les garants d’une
bataille que nous allons gagner, nous en sommes convaincu.es. La force collective qui émane de
cette dynamique unitaire, dans la diversité de nos choix et de nos capacités, est un facteur
déterminant pour y arriver. Il n’est pas le seul. Si aujourd’hui nous sommes en mesure de barrer la
route à une multinationale, de planter des légumes à la place de parpaings, d’alerter sur le besoin de
politiques pertinentes pour pallier au manque de logements, c’est avant tout grâce au travail de deux
associations qui se mobilisent sans cesse depuis plus de dix ans pour sauver Marienia. Un grand
merci à Nahi Dugun Herria, groupe abertzale municipal de Cambo et au CADE, collectif des
associations de défense de l’environnement.
En 2024, avec ces deux associations, nous signions la déclaration de Marienia, nous engageant à
nous mobiliser jusqu’à l’arrêt complet de ce projet d’artificialisation en combinant différentes
tactiques, y compris sur le terrain. Plus d’une vingtaine d’organisations syndicales, culturelles,
paysannes, sociales s’associaient à cet appel. Ce dossier est devenu emblématique, à l’échelle de
tout un territoire, tout comme la LGV, E-CHO, Aroztegia dans la vallée du Baztan. Tous ces projets
et bien d’autres ont en commun la voracité sans fin des grandes entreprises prêtes à toutes les
destructions pour la croissance de leurs profits. Ce sont également les appétits personnels de leurs
soutiens politiques.
Alors nous devons nous rassembler pour amorcer une autre voie. Nous devons faire résonner le
chant de nos makila là où la terre est en danger. Nous mettre en marche pour cheminer ensemble,
nous entraider pour obtenir des victoires concrètes, nous projeter pour que la ténacité militante
engendre des acquis bénéfiques aux populations et au vivant. N’attendez pas, tout le monde doit
s’impliquer dans cet élan, localement et globalement.
Aujourd’hui, à Cambo, nous franchissons un nouveau pas. A partir de demain, cette terre
ensemencée de Marienia aura besoin de soins pour pouvoir y recueillir de bonnes récoltes. Un
groupe de paysan.nes est à l’œuvre et nous vous invitons à les rejoindre dans leur démarche. Des
journées d’entretien des plantations auront lieu durant cet été, venez donner la main, prenez part au
groupe de suivi de l’initiative.
Ensemble nous gagnerons Marienia, ensemble nous construirons un véritable rapport de force pour
restaurer, défendre et occuper la terre, en vue de l’arracher au ravage marchand. La terre est à celles
et ceux qui la cultivent.
Irabazi arte!